Page:Aloysius Bertrand - Gaspard de la nuit, édition 1920.djvu/78

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sur les tisons ! Ohé ! quel est le ribaud qui a battu sa ribaude ?

— J’ai le nez gelé ! — J’ai les grêves rôties ! — Ne vois-tu rien dans le feu, Choupille ? — Oui ! une hallebarde. — Et toi, Jeanpoil ? — Un œil.

— Place, place à M. de la Chousserie ! — Vous êtes là, Monsieur le procureur, chaudement fourré et ganté pour l’hiver ! — Oui-dà ! les matous n’ont pas d’engelures !

— Ah ! voici messieurs du guet ! — Vos bottes fument. — Et les tirelaines ? Nous en avons tué deux d’une arquebusade ; les autres se sont échappés à travers la rivière. »


*


Et c’est ainsi que s’acoquinaient à un feu de brandon, avec des gueux de nuit, un procureur au parlement qui courait le guilledou, et les garçons du guet qui racontaient sans rire les exploits de leurs arquebuses détraquées.