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PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS FRUITS

Les plus anciens livres hébreux parlent de l’Olivier, Sait ou Zeit, sauvage et cultivé[1]. C’était un des arbres promis de la terre de Canaan. La plus ancienne mention est dans la Genèse, où il est dit que la colombe lâchée par Noé rapporta une feuille d’Olivier. Si l’on veut tenir compte de cette tradition accompagnée de détails miraculeux, il faut ajouter que, d’après les découvertes de l’érudition moderne, le mont Ararat de la Bible devait être à l’orient du mont Ararat actuel d’Arménie, qui s’appelait anciennement Masis. En étudiant le texte de la Genèse, François Lenormand[2] reporte la montagne en question jusqu’à l’Hindoukousch, et même aux sources de l’Indus. Mais alors il la suppose près du pays des Aryas, et cependant l’Olivier n’a pas de nom sanscrit, pas même du sanscrit dont les langues indiennes sont dérivées[3]. Si l’Olivier avait existé dans le Punjab, comme maintenant, les Aryo-Indiens, dans leurs migration, vers le midi, l’auraient probablement nommé, et s’il avait existé dans le Mazandéran, au midi de la mer Caspienne, comme aujourd’hui, les Aryens occidentaux l’auraient peut-être connu. À ces indices négatifs, on peut objecter seulement que l’Olivier sauvage n’attire pas beaucoup l’attention et que l’idée d’en extraire de l’huile est peut-être venue tardivement dans cette partie de l’Asie.

D’après Hérodote[4], la Babylonie ne produisait pas d’Oliviers et ses habitants se servaient d’huile de Sésame. Il est certain qu’un pareil pays, souvent inondé, n’était pas du tout favorable à l’Olivier. Le froid l’exclut des plateaux supérieurs et des montagnes du nord de la Perse.

J’ignore s’il existe un nom zend, mais le nom sémitique Sait doit remonter à une grande ancienneté, car il se retrouve à la fois en persan moderne, Seitun[5], et en arabe, Zeitun, Sjetun[6] ; il est même dans le turc et chez les Tartares de Crimée, Seitun[7], ce qui pourrait faire présumer une origine touranienne ou de l’époque très reculée du mélange des peuples sémitiques et touraniens.

Les anciens Égyptiens cultivaient l’Olivier, qu’ils appelaient Tat[8]. Plusieurs botanistes ont constaté la présence de rameaux ou de feuilles d’Olivier dans les cercueils de momies[9]. Rien

  1. Rosenmüller, Handbuch der biblischen Alterthumskunde, vol. 4, p. 208, et Hamilton, Botanique de la Bible, p. 80, où les passages sont indiqués.
  2. Fr. Lenormand, Manuel de l’histoire ancienne de l’Orient, 1869, vol. 1, p. 31.
  3. Fick, Wörterbuch. — Piddingion, Index, ne mentionne qu’un nom hindoustani, Julpai.
  4. Hérodote, Hist., l. 1, c. 193.
  5. Boissier, Flora or., 4, p. 36.
  6. Ebn Baithar/trad. allem., p. 569 ; Forskal, Plant. Egypt., p. 49.
  7. Boissier, l. c. ; Steven, l. c.
  8. Unger, Die Pflanzen d. alten Ægyptens, p. 45.
  9. De Candolle, Physiol. végét., p. 696 ; Al. Braun, l. c., p. 12 ; Playte, cité par Braun et par Ascherson, Sitzber. Naturfor. Ges., 15 mai 1877.