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PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS GRAINES

Asie par d’anciens voyageurs faisant le trafic de Zanzibar à l’Inde et Ceylan.

Le genre Cajanus n’a qu’une espèce, de sorte qu’on ne peut invoquer aucune analogie de distribution géographique pour le croire d’Asie plutôt que d’Afrique, ou vice versa.

Caroubier[1]. — Ceratonia Siliqua, Linné.

On sait à quel point les fruits ou légumes du Caroubier sont recherchés dans les parties chaudes de la région de la mer Méditerranée, pour la nourriture des animaux et même de l’homme. De Gasparin[2] a donné des détails intéressants sur le traitement, les emplois et l’habitation de l’espèce, envisagée comme arbre cultivé. Il note qu’elle ne dépasse pas au nord la limite où l’on peut avoir l’oranger sans abri. Ce bel arbre, à feuilles persistantes, ne s’accommode pas non plus des pays très chauds, surtout quand ils sont humides. Il aime le voisinage de la mer et les terrains rocailleux. Sa patrie, d’après de Gasparin, est « probablement le centre de l’Afrique, Denham et Clapperton, dit-il, l’ont trouvé dans le Bournou. » Cette preuve me paraît insuffisante, car, dans toute la région du Nil et en Abyssinie, le Caroubier n’est pas sauvage ou même n’est pas cultivé[3]. R. Brown n’en parle pas dans son mémoire sur les plantes du voyage de Denham et Clapperton. Plusieurs voyageurs l’ont vu dans les forêts de la Cyrénaïque, entre le littoral et le plateau ; mais les habiles botanistes qui ont dressé le catalogue des plantes de ce pays ont eu soin de dire[4] : « Peut-être indigène. » La plupart des botanistes se sont contentés de mentionner l’espèce dans le centre et le midi de la région méditerranéenne, depuis le Maroc et l’Espagne jusqu’à la Syrie et l’Anatolie, sans scruter beaucoup si elle est indigène ou cultivée, et sans aborder la question de la véritable patrie, antérieure à la culture. Ordinairement, ils indiquent le Caroubier comme a cultivé et subspontané ou presque naturalisé ». Cependant il est donné pour spontané en Grèce, par M. de Heldreich ; en Sicile, par Gussone et Bianca ; en Algérie, par Munby[5], et je cite là des auteurs qui ont vécu assez dans ces divers pays pour se former une opinion vraiment éclairée.

M. Bianca remarque cependant que le Caroubier n’est pas toujours vigoureux et productif dans les localités assez res-

  1. Énuméré ici pour ne pas le séparer d’autres légumineuses cultivées pour les graines seulement.
  2. De Gasparin, Cours d’agriculture, 4, p. 328.
  3. Schweinfurth et Ascherson, Aufzählung, p. 255 ; Richard, Tentamen floræ abyssinicæ.
  4. Ascherson, etc., dans Rohls, Kufra, 1, vol. in-8o 1881, p. 519.
  5. Heldreich, Nutzpflanzen Griechenlands, p. 73, Die Pflanzen der attischen Ebene, p. 477 ; Gussone, Synopsis fl. siculæ, p. 646 ; Bianca, Il Carubo, dans Giornale d’agricoltura italiana, 1881 ; Munby, Catal. pl. in Alger. spont., p. 13.