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PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS GRAINES

J. Crawfurd[1], après avoir vu le Maïs généralement cultivé dans l’archipel indien, sous un nom, Jarung, qui lui paraissait indigène, a cru l’espèce originaire de ces îles. Mais alors comment Rumphius n’en aurait-il pas dit un mot ? Le silence d’un pareil auteur fait présumer une introduction depuis le XVIIe siècle. Sur le continent indien, le Maïs était si peu répandu dans le siècle dernier, que Roxburgh[2] écrivait dans sa flore, publiée longtemps après avoir été rédigée : « Cultivé dans différentes parties de l’Inde dans les jardins et seulement comme objet de luxe ; mais nulle part sur le continent indien comme objet de culture en grand. » Nous avons vu qu’il n’y a pas de nom sanscrit.

En Chine, le Maïs est fréquemment cultivé aujourd’hui, en particulier, autour de Péking, depuis plusieurs générations d’hommes[3], quoique la plupart des voyageurs du siècle dernier n’en aient fait aucune mention. Le Dr Bretschneider, dans son opuscule de 1870, n’hésitait pas à dire que le Maïs n’est pas originaire de Chine ; mais quelques mots de sa lettre de 1881 me font penser qu’il attribue maintenant de l’importance à un ancien auteur chinois dont Bonafous et après lui MM. Hance et Mayers ont beaucoup parlé. Il s’agit de l’ouvrage de Li-chi-Tchin intitulé Phen-thsao-Kang-Mou, ou Pên-tsao-kung-mu, espèce de traité d’histoire naturelle, que M. Bretschneider[4] dit être de la fin du XVIe siècle. Bonafous précise davantage. Selon lui, il a été terminé en 1578. L’édition qu’il en avait vue, dans la bibliothèque Huzard, est de 1637. Elle contient la figure du Maïs, avec le caractère chinois. Cette planche est copiée dans l’ouvrage de Bonafous, au commencement du chapitre sur la patrie du Maïs. Il est évident qu’elle représente la plante. Le Dr Hance[5] paraît s’être appuyé sur des recherches de M. Mayers, d’après lesquelles d’anciens auteurs chinois prétendent que le Maïs aurait été importé de Sifan (Mongolie inférieure, à l’ouest de la Chine), longtemps avant la fin du quinzième siècle, à une date inconnue. Le mémoire contient une copie de la figure du Pên-tsa-kung-mu, auquel il attribue la date de 1597.

L’importation par la Mongolie est tellement invraisemblable qu’il ne vaut pas la peine d’en parler, et, quant à l’assertion principale de l’auteur chinois, il faut remarquer les dates ou incertaines ou tardives qui sont indiquées. L’ouvrage a été terminé en 1578, selon Bonafous, et selon Mayers en 1597. Si cela est vrai, surtout si la seconde de ces dates est certaine, on peut admettre que le Maïs aurait été apporté en Chine depuis la dé-

  1. Crawfurd, History of the indian archipelago, Edinburgh, 1820, vol. 1 ; Journal of bot., 1866, p. 326.
  2. Roxburgh, Flora indica, éd. de 1832, vol. 3, p. 568.
  3. Bretschneider, On study and value, etc., p. 7, 18.
  4. Bretschneider, l. c., p. 50.
  5. L’article est dans le Pharmaceutical journal de 1870. Je ne le connais que par un court extrait, dans Seemann, Journal of botany, 1871, p. 62.