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PAVOT

cesseront bientôt de chagriner les Anglais en leur achetant ce poison, car ils se mettent à le produire avec ardeur. Plus de la moitié de leur territoire cultive actuellement le Pavot[1]. L’espèce n’est nullement spontanée dans les régions orientales de l’Asie, et même, pour ce qui est de la Chine, la culture n’en est pas ancienne[2].

Le nom Opium, appliqué au médicament tiré de la capsule, remonte aux auteurs grecs et latins. Dioscoride écrivait Opos (Οποϛ). Les Arabes en ont fait Afiun[3] et l’ont propagé dans l’Orient, jusqu’en Chine.

MM. Flückiger et Hanbury[4] ont donné des détails très développés et intéressants sur l’extraction, le commerce et l’emploi de l’opium dans tous les pays, en particulier en Chine. Cependant je présume que nos lecteurs liront avec plaisir les fragments qui suivent de lettres de M. le Dr  Bretschneider, datées de Péking, 23 août 1881, 28 janvier et 18 juin 1882. Elles donnent les renseignements les plus certains que les livres chinois, bien interprétés, puissent fournir.

« L’auteur du Pent-sao-kang-mou, qui écrivait en 1552 et 1578, donne quelques détails concernant le a-fou-yong (c’est Afioun, Opium), drogue étrangère produite par une espèce de Ying sou à fleurs rouges dans le pays de Tien fang (l’Arabie) et employée récemment comme médicament en Chine. Du temps de la dynastie précédente (mongole, 1280-1368), on n’avait pas beaucoup entendu parler du a-fou-yong. L’auteur chinois donne quelques détails sur l’extraction de l’Opium dans son pays natal, mais ne dit pas qu’il soit aussi produit en Chine. Il ne parle pas non plus de l’habitude de le fumer. — Dans le Descriptive Dictionary of the Indian Islands by Crawfurd, p. 312, je trouve le passage suivant : « The earliest account we have of the use of Opium, not only from the Archipelago, but also for India and China, is by the faithful and intelligent Barbosa[5]. He writes the word amfiam, and in bis account of Malacca, enumerates it among the articles brought by the Moorish and gentile merchants of Western India, to exchange for the cargos of Chinese junks. »

« Il est difficile de fixer d’une façon exacte l’époque à laquelle les Chinois commencèrent à fumer l’Opium et à cultiver le Pavot qui le produit. Comme je l’ai dit, il y a beaucoup de confusion à propos de cette question, et pas seulement les auteurs européens, mais aussi les Chinois de nos jours appliquent le nom de

  1. Martin, dans Bull. Soc. d’acclimatation, 1872, p. 200.
  2. Sir J. Hooker, Flora of british India, 1, p. 117 ; Bretschneider, Study and value, etc., 47.
  3. Ebn Baithar, 1, p. 64.
  4. Flückiger et Hanbury, Histoire des drogues d’origine végétale, traduction française, 2 vol. in-8, 1878, vol. 1, p. 97-130.
  5. Barbosa publia son ouvrage en 1516.