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DEUXIÈME PÉRIODE

Ce matin, nous avons fait deux lieues pour Kyswick, château fameux par la paix de 1697, et nous partons ce soir pour Amsterdam, d’où je vous écrirai s’il m’est possible ; les routes, les amusements, me laissent à peine le temps de poser le pied à terre.


  Moi, dont l’âme semble créée
  Pour chérir la paix qui me fuit,
  Je vis agitée, entourée ;
  Vous, dont l’esprit plaît et séduit,
  Vous, que les grâces ont parée
  De ce charme que chacun suit.
  Souvent dans vos champs retirée.
  Vous vivez sans joie et sans bruit.
  ..........
  ..........
  Des destins divers sont nos guides ;
  Si les monts, les torrents rapides
  Offrent des dangers, des terreurs,
  Au pied de cent rochers arides.
  Le vert des prés, l’émail des fleurs,
  Enchantent l’œil des voyageurs ;
  Mais qui traverse dans la plaine
  Des chemins sûrs et peu riants
  À moins de plaisir, moins de peine :
  Tel est le sort qui nous entraîne !
  Un nombre égal d’heureux moments,
  D’ennui, d’espoir, d’amour, de haine.
  Des mortels partage les ans !