Page:Alquie - Anthologie feminine.djvu/174

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
160
ANTHOLOGIE FÉMININE

cette manière qui consiste à se donner un mouvement prodigieux sans avancer d’un pas. Mme Riccoboni court en poste à la Marivaux pendant cent douze pages, et, à la fin de sa course, le roman de Marianne est aussi avancé qu’auparavant. Mais, en vérité, sa manière d’écrire, même en se réglant sur un mauvais modèle, est très supérieure à celle de Marivaux[1]. »

Un juge plus impartial, d’Alembert, a rendu justice au mérite et au bonheur du pastiche de Mme Riccoboni, sans offense pour la justice et le goût. Il a recommandé de ne pas confondre avec les mauvais continuateurs de Marivaux Mme Riccoboni, qui, par une espèce de plaisanterie et de gageure, a essayé de continuer Marianne en imitant le style de l’auteur. « On ne saurait, dit-il, pousser plus loin l’imitation. » Nous pensons qu’il est intéressant de comparer son imitation à son propre style, et nous donnons ci-après un extrait des deux.


SUITE DE LA VIE DE MARIANNE
(Imitation de Marivaux.)

Vous voilà bien surprise, bien étonnée, Madame ; je vois d’ici la mine que vous faites. Je m’y attendais ; vous cherchez, vous hésitez ; il me semble vous entendre dire : « Cette écriture est bien la sienne, mais cela ne se peut

  1. Correspondance littéraire, 1er  mai 1765.