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TROISIÈME PÉRIODE

n’était encore que dame de beauté, et sa principauté n’avait rien de réel ; elle sentait la nécessité de faire beaucoup de frais ; elle y réussissait complètement. Prévenue par ma mère, elle avait préparé pour ce bal une toilette qui devait, dit-elle, l’immortaliser ; elle fît de cette toilette l’affaire sérieuse d’une semaine entière ; elle recommanda le secret le plus complet, et qui fut effectivement gardé par MM. Germon et Charbonnier. Elle avait demandé à ma mère de s’habiller chez elle pour que sa parure fût de toute sa fraîcheur au moment de son entrée au bal. Il faudrait avoir connu Mme Leclerc à cette époque pour se faire une idée juste de l’impression qu’elle produisit dans le salon lorsqu’elle y parut. Elle était coiffée ce jour-là avec des bandelettes de fourrure très précieuse dont j’ignore le nom, mais d’un poil très ras, d’une peau très souple et parsemée de petites taches tigrées. Ces bandelettes étaient surmontées de grappes de raisin en or. C’était la copie fidèle d’un camée représentant une bacchante.

Une robe de mousseline de l’Inde, d’une excessive finesse, avait au bas une broderie en lames d’or de la hauteur de quatre ou cinq doigts, représentant une guirlande de pampox. Une tunique, de la forme grecque la plus pure, se drapait sur sa jolie taille, en ayant également au bord une broderie semblable à celle de la robe ; sa tunique était arrêtée sur ses épaules par des camées du plus grand prix. Les manches, extrêmement courtes et légèrement plissées, avaient un petit poignet et étaient également retenues par des camées. La ceinture, mise au-