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ANTHOLOGIE FÉMININE

Mme  BABOIS

(1790-1880)


Poète oubliée, comme le sont la plupart des poètes féminins de notre siècle ; ses vers sont empreints de mélancolie et bien féminins. Ses poésies ont été publiées en recueil, sous le titre : Élégies maternelles, 1803 ; Élégies nationales, 1813.

Le nom de mère, hélas ! qui fit tout mon bonheur,
Ses accents douloureux l’ont gravé dans mon cœur.
Par un dernier effort où survit sa tendresse,
Je la vois surmonter ses tourments, sa faiblesse ;
Ses yeux cherchent mes yeux, sa main cherche ma main.
Elle m’appelle encore et tombe sur mon sein…
Dieu puissant. Dieu cruel, tu combles ma misère !
C’en est fait, elle expire, et je ne suis plus mère !
Il est temps que sur moi la tombe se referme,
Et le comble des maux amène enfin leur terme.
Hélas ! il est donc vrai, je perdrai ma douleur :
Je sens que tout finit, oui, tout, jusqu’au malheur.
Empire de la mort, vaste et profond abîme,
Où tombe également l’innocence et le crime,
De ton immensité la ténébreuse horreur
N’a rien qui désormais puisse étonner mon cœur.
Ma fille est dans ton sein ; ah ! c’est trop lui survivre !
J’ai vécu pour l’aimer, et je meurs pour la suivre.