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ANTHOLOGIE FÉMININE

mortes me font, je crois, plus l’impression que de leur vivant, et le ressentir est plus fort que le sentir. J’ai éprouvé cela maintes fois .......

Deux petits oiseaux, deux compagnons de ma chambrette, les bienvenus, qui chanteront quand j’écrirai, me feront musique et accompagnement comme les pianos qui jouaient à côté de Mme de Staël quand elle écrivait. Le son est inspirateur : je le comprends par ceux de la campagne, si légers, si aériens, si vagues, si au hasard et d’un si grand effet sur l’âme. Que doit-ce être d’une harmonie de science et de génie sur qui comprend cela, sur qui a reçu une organisation musicale, développée par l’étude et la connaissance de l’art ? Rien au monde n’est plus puissant sur l’âme, plus pénétrant. Je le comprends, mais ne le sens pas. Dans ma profonde ignorance, j’écouterais avec autant de plaisir un grillon qu’un violon. Les instruments n’agissent pas sur moi, ou bien peu. Il faut que j’y comprenne comme à un air simple ; mais les grands concerts, mais les opéras, mais les morceaux tant vantés, langue inconnue ! Quand je dis opéras, je n’en ai jamais ouï, seulement entendu des ouvertures sur les pianos.


MARIE JEMMA
(née en 1834)


Mlle Céline Renard, connue sous le pseudonyme de Marie Jemma, naquit à Bourbonne-les-Bains,