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ANTHOLOGIE FÉMININE

Garde comment tu jugeras,
Car devant le grant juge iras.

Ayes pitié des pauvres gens
Que tu voys nuz et indigens,
Et leur aydes quand tu porras ;
Souviengne-toi que tu morras.

Aymes qui te tient amy
Et te gard de ton ennemy ;
Nul ne peut avoir trop d’amys,
Il n’est nulz petits ennemys.

Ne soyes decepveur de femme,
Honore-les, ne les diffame,
Soffise-toi d’en amer une,
Et ne prens cointance à chacune.

Se tu prens femme accorte et sage,
Croy-la du fait de ton mesnage,
Adjoutes foy à sa parolle,
Mais ne te confesse à la folle.

Se tu sçayes qu’on te diffame
Sans cause, et que tu ayes blasme,
Ne t’en courrouce. Fais toujours bien,
Car droit vaincra, je te dys bien.

D’aucun parle à toy bien prends garde
La fin que le parlant regarde,
Et, se cest requeste ou semonce,
Pense ung petit avant responce.