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ANTHOLOGIE FÉMININE

cidents. Fort belle étant jeune, elle était une jolie vieille, franchement vieille ; les cheveux blancs ondulés sur les tempes, la tête enveloppée d’une grande fanchon, soutenue par des fleurs ; vêtue de robes amples, à longue traîne, avec une mante pour dissimuler la taille, elle avait le plus grand air quand elle faisait quelques pas, ce qui lui arrivait rarement. Elle est restée sur la brèche jusqu’au dernier moment, toujours entourée et recherchée.

Des gens qui n’ont jamais mis le pied chez elle ont fait courir le bruit que la pièce d’Édouard Pailleron, le Monde où l’on s’ennuie, était inspirée par son salon. — Je n’ai jamais pu saisir l’allusion. — On causait très gaiement chez elle, on riait même beaucoup, quoique pas d’une gaieté de cabaret ; mais il n’y a que des imbéciles qui ont pu s’y ennuyer. Il y régnait un ton de bonne compagnie ; on y parlait presque uniquement de choses intellectuelles. On savait écouter ceux qui en valaient la peine. Ce n’était point du papotage ni du flirtage ; tout le monde ne parlait pas à la fois en criant et debout, comme dans certains salons. Mais bien des écrivains parlent de choses et de personnes qu’ils n’ont jamais vues. Une très spirituelle chroniqueuse a comparé Mme  la marquise de Blocqueville à Mme de Maintenon. Or, elle n’avait absolument aucun point de ressemblance avec cette illustre pédagogue. Si on tient