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ANTHOLOGIE FÉMININE

blanc sur les épaules, un col de chemise éclatant de blancheur et une cravate nouée simplement, tel est le costume. Le visage, encadré dans d’épais cheveux argentés et ondulés naturellement, a conservé une irrésistible séduction. Ce n’est pas un homme, ce n’est pas une femme qui vous regarde de ses beaux yeux noirs pleins de feu, qui sourit de cette bouche fine, c’est une âme. C’est l’âme bonne et sublime d’un être de génie.

La grande cour Louis XIII est occupée par son atelier. Très beau cet atelier, avec son grand tapis des Indes à fond turquoise, ses meubles simples, de belle couleur chaude. Au fond, une immense toile inachevée tient un des côtés de la pièce. Elle représente des chevaux battant le blé, dans un paysage de côte d’azur, éblouissant de soleil. L’ardente vie des chevaux ne saurait s’exprimer. C’est superbe. La toile, achetée 300 000 francs pour l’Amérique, reste là, attendant le caprice de son auteur.

De nouvelles œuvres, celles-là terminées, se groupent dans l’atelier. J’ai remarqué une toute petite toile qui renferme dans un étroit espace une vision inoubliable : un berger des Pyrénées en costume pittoresque conduit un troupeau de moutons ; le ciel est d’un bleu vibrant ; on sent qu’il tombe des rayons brûlants sur l’homme et les animaux, et ce berger vous réchaufferait......