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PREMIÈRE PÉRIODE

nuée, à devise ; cette lictière toute vitrée, et les vitres toutes faictes à devises, y ayant ou à la doublure ou aux vitres quarante devises toutes différentes, avec les mots en espaignol et italien, sur le soleil et ses effects. Laquelle estoit suivie de la lictiere de Mme de la Roche-sur-Yon et de celle de Mme de Tournon, ma dame d’honneur, et dix filles à cheval avec leur gouvernante, et de six carrosses ou chariots où alloit le reste des dames et filles d’elles et de moy. Je passay par la Picardie, où les villes avoient commandement du roy de me recepvoir selon que j’avois cet honneur de lui estre, qui, en passant, me firent tout l’honneur que j’eusse peu désirer.

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Partant[1] de Cambray, j’allay coucher à Valenciennes, terre de Flandre, où M. le comte de Lalain, M. de Montigny, sa femme et sa belle-sœur, Mme d’Aurec, et toutes les plus apparentes et galantes dames de ce pays-là, m’attendoient pour me recepvoir…

Le comte de Lalain, se disant estre parent du roy mon mary, ne pouvoit assez faire de démonstration de l’aise qu’il avoit de me voir là, et quand son prince naturel y eust esté, il ne l’eust pu recepvoir avec plus d’honneur, de bien veuillance et d’affection. Arrivant à nous, à la maison du comte de Lalain, où il me fist loger, je trou-

  1. Il fut décidé qu’elle irait aux eaux de Spa avec la princesse de la Roche-sur-Yon, à l’occasion des intérêts de son frère, le duc d’Alençon, que l’on voulait voir régner dans les Pays-Bas. Cette narration de son voyage, dont nous élaguons les réflexions politiques fastidieuses, nous a paru intéressante au point de vue des mœurs de l’époque et du pays.