Page:Alzog - Histoire universelle de l’Église, tome 1.djvu/243

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le Magicien ou plutôt de Cérinthe, les produisirent sous la forme du gnosticisme syriaque et égyptien.

Le Nouveau Testament désigne, en opposition avec le mot πίστις (pistis) et prædicatio Ecclesiæ, sous le nom de γνῶσις (gnôsis), une science approfondie des Écritures[1], qui ne se contente pas des faits historiques et de la simple exposition des dogmes, mais qui développe les idées, remonte aux principes et cherche à sonder la philosophie du Christianisme.

Mais bientôt, à l’imitation de Philon, les partisans du gnosticisme se considérèrent comme les seuls savants (γνῶρίζοντες (gnôrizontes)) ; possédant la sagesse plus haute cachée sous la lettre, et inabordable à la multitude (ἀπολλοί (apolloi)). De une lutte vive entre ceux qui admettaient simplement le Christianisme historique et traditionnel, et ceux qui, prétendant à une science plus profonde, mêlaient à la parole révélée des idées humaines, tirées la plupart de la théosophie orientale, et voulaient constituer, dans le sein de l’Église chrétienne, une espèce de doctrine mystérieuse ou ésotérique, qui ne devait pas troubler d’ailleurs, dans leur foi en l’autorité, la multitude de ceux qu’ils appelaient les psychiques. Et dès lors se montra le caractère de l’hérésie, toujours variable et changeante dans ses opinions, tandis que la doctrine transmise par les apôtres, et conservée par l’Esprit saint dans l’Église catholique est immuable dans son unité. Le gnosticisme ne s’occupe pas seulement comme on le pense d’ordinaire, de l’origine du monde et du mal, mais encore de la lutte du bien et du mal dans l’univers, de la puissance extraordinaire du principe non divin, combattu et définitivement dompté par l’invisible puissance du divin. Il montre partout le parallélisme du monde supérieur des esprits et du monde inférieur des corps, qui n’est qu’une image défigurée du premier[2], et le but qu’il assigne à la création et à toutes les manifestations divines est la destruction du mal moral par l’affranchissement de l’esprit des liens terrestres et par son retour vers le monde supérieur.

  1. Cf. plus haut, § 59 et 1 Cor. VIII ; 7 ; XII, 8. Λόγος γνώσεως (Logos gnôseôs), XIII, 2, 8 ; 2 Pet. III, 18 ; Act. XXVI, 3, γνώστης (gnôstês).
  2. Iren. Contra hær. II. 7, n. 1 : « Quæ (σοφία (sophia)) emittit similitudinem et imagines eorum, quæ sursum sunt ; » et II, 8, n. 1 Cf. 1, 5, n. 5.