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Page:Alzog - Histoire universelle de l’Église, tome 1.djvu/265

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tan disait : La morale doit se perfectionner ; elle doit devenir plus rigoureuse ; Dieu même a prouvé et montré d’avance cette gradation en passant de l’Ancien au Nouveau Testament à travers les institutions et les moyens de salut progressifs de l’un et l’autre Testament. Les évêques catholiques, réunis en divers synodes, s’opposèrent à cet esprit d’illusion et de mensonge, à ce rigorisme moral. Ils déclarèrent Montan et les deux femmes « faux prophètes, égarés, possédés » et voulurent les soumettre aux exorcismes ecclésiastiques. Alors Montan et ses adhérents se séparèrent de l’Église catholique, et les Montanistes, Pépusiens ou Cataphrygiens (οἱ κατὰ Φρύγας), constituèrent une Église propre en Asie, et de la Phrygie, leur siége principal, se répandirent dans l’Occident. On vit en Afrique le sévère Tertullien [vers 205] se laisser séduire par l’austérité de ces principes moraux, exposer plus nettement ce que Montan entrevoyait dans son imagination fantastique, et faire positivement connaître l’erreur dogmatique du montanisme, qui méconnaissait la coopération du Saint-Esprit dans l’œuvre de Jésus-Christ[1]. Jésus-Christ, consolant les apôtres par la promesse de la descente du Saint-Esprit, ne voulait certes point faire entendre par là que la révélation n’était point complète en lui et par lui, puisqu’il dit positivement : « Il recevra de ce qui est à moi, et vous l’annoncera[2] ; il « rendra témoignage de moi et vous fera ressouvenir de tout ce que je vous ai dit ; » c’est-à-dire que l’Esprit saint devait expliquer, développer, approprier au monde ce que déjà le Christ avait enseigné. Mais Tertullien, méconnaissant ce rapport, et interprétant mal les paroles du Christ : « J’ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais vous ne pouvez les porter maintenant[3]. » prétendait que le temps où le Christ prenait en considération la faiblesse humaine était passé, que le Saint-Esprit s’était pleinement communiqué par Montan et les deux prophètes, qu’il avait parfait la révélation antérieure pour élever la vie chrétienne à sa perfection ; qu’ainsi c’était un devoir im-

  1. Cf. Dieringer, Syst. des faits divins, t. II, p. 206 ; Tillemont, t, III, p. 211-220.
  2. Jean XVI, 13, 14 ; XIV, 26 ; XV, 21.
  3. Jean XVI, 12.