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Page:Alzog - Histoire universelle de l’Église, tome 1.djvu/271

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On peut aussi compter parmi les hérétiques de cette classe, vu le point fondamental de sa doctrine panthéistique, Sabellius[1], prêtre de Ptolemaïs, dans la Pentapole [250-260]. Le Père, le Fils et l’Esprit saint ne sont point, selon lui, des personnes distinctes et coéternellement existantes dans une même substance divine, sans rapport nécessaire avec le monde, car cette doctrine mènerait au polythéisme. Il soutenait donc que « le même est Père, le même est Fils, le même est Esprit saint. » Père, Fils, Saint-Esprit sont des dénominations extérieures et temporaires (πρόσωπα) de la monas ou de l’hypostase divine (ύπόστασις μόνας) dans son action sur ce monde. Sabellius fait ainsi un pas rétrograde vers le judaïsme, qu’il enveloppe de formules et d’explications panthéistiques. En effet, selon lui, les manifestations diverses de la monas, comme Père, Fils, Esprit, n’ont pour but que leur propre développement ; elles s’étendent, se dilatent, suivant les expressions stoïciennes (ἑϰτεινεσθαι ou πλατύνεσθαι), ou se resserrent, se concentrent (συντέλλεσθαι). La monas s’épanouit dans le monde et devient Père ; elle s’unit au Christ pour l’œuvre de la Rédemption, elle se nomme Fils ; elle s’identifie avec l’humanité, agit dans l’ensemble des fidèles, éclairant l’Église, régénérant le genre humain, accomplissant la Rédemption, elle se fait Esprit saint. Enfin, après avoir développé la vie divine dans les trois règnes du Père, du Fils et de l’Esprit, la Divinité se retire, se recueille, se renferme en elle-même.

  1. Euseb. Hist. ecclesiast. VII, 6 ; Basil. M. ep 210 ; Theodoret. Hær. Fab. II, 9 ; Epiph. Hær, 62. Cf. Wormii Hist. Sabelliana. Francof., 1696 ; Dorner, Hist. du développ., t. X, P. I, p. 696 ; Forschhammer, Doctrine de Sabellius (Revue trim. de Tub., 1849, p. 439-488). D’après les Philosophumena, Sabellius était à la tête des patripassionistes, comme successeur de Cléomènes à Rome, et fut excommunié vers 218. Voyez Dœllinger, Hippolyt., p. 198 sq. Philastrius et saint Augustin ont soutenu aussi, contre Épiphane, le rapport intime des doctrines de Noetus et de Sabellius. D’après cela, l’extension ultérieure de son hérésie en Afrique aurait rencontré de nombreuses difficultés, même en la supposant soumise à beaucoup de modifications. L’on serait aussi obligé d’admettre qu’elle aurait acquis un grand développement dans la Pentapole, où Denys, évêque d’Alexandrie, dut lui opposer une résistance opiniâtre [257]. L’opinion de Dœllinger aurait besoin de mieux s’appuyer sur des preuves. Dict. des hérésies, par Pluquet.