Page:Amable Floquet - Anecdotes normandes, deuxieme edition, Cagniard, 1883.djvu/112

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notaires et les témoins se hâtent de sortir ; car un acte mystérieux et suprême va s’accomplir, qui ne doit avoir d’autres témoins que les électeurs eux-mêmes. Tous, donc, s’agenouillent humblement sur les froides dalles du chapitre. L’hymne inspirante : Veni Creator, est entonnée a haute voix par le grand-chantre. Mais voilà un merveilleux concert ! On n’a pas encore fini le premier verset de l’hymne, que soudain, les chanoines électeurs se sont levés tous ensemble comme un seul homme : « Que Georges d’Amboise, archevêque de Narbonne, devienne notre archevêque ! » s’écrient-ils au même instant ; toutes les voix ne formant plus qu’une seule voix : unanimité bien rare, qui comble de joie ces vieillards. Dans les idées religieuses du temps, ils croient avoir été inspirés par l’Esprit saint, qu’ils ont invoqué ; la belle vie épiscopale de Georges d’Amboise viendra fortifier cette pieuse croyance, qui relève encore à leurs yeux le pontife qu’ils se sont donné.

C’en est donc fait, l’élection est consommée. Déjà toutes les cloches de Notre-Dame se sont ébranlées dans les tours et annoncent joyeusement à la ville primatiale qu’elle a un archevêque ; aussitôt, les cloches de toutes les églises ont répondu à cette annonce. Les portes de la salle capitulaire s’ouvrant alors, les chanoines, la croix en tête, se rendent au