Page:Amable Floquet - Anecdotes normandes, deuxieme edition, Cagniard, 1883.djvu/114

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Dans des temps reculés, ils avaient eu le pouvoir de délivrer, ce jour-là, des prisonniers ; des rois n’avaient pas dédaigné de grossir leur cortège : en 1415, le treize octobre, Louis de Harcourt prenant possession du siège de Rouen, le roi de France avait été vu conduisant lui-même le prélat par la main depuis l’aître de Notre-Dame jusqu’au chœur. Mais, au milieu de tant de gloire, il fallait que l’archevêque de Rouen vînt, les pieds nus, depuis l’église de Saint-Herbland jusqu’au maître-autel de Notre-Dame, afin sans doute que, parmi ces pompes enivrantes, il n’oubliât point les pauvres pêcheurs dont il venait continuer la mission sublime.

Ce fut donc les pieds nus que Georges d’Amboise, sortant de l’église de Saint-Herbland, s’offrit aux regards du clergé de Rouen qui l’attendait aux portes de Notre-Dame, à ceux du peuple innombrable qui en encombrait les avenues. Sur sa route, l’abbesse de Saint-Amand lui avait donné l’anneau épiscopal, ôté naguère au doigt glacé de Robert de Croixmare : gage sacré d’une union mystique et intime entre le prélat et son église : « Messire, je le donne à vous vivant (avait-elle dit), on me le rendra vous estant mort. » — Le prélat s’avançant dans l’aître, le grand-doyen Masselin lui adressa la parole : « Révérend père (lui dit-il en lui montrant la basilique), voici l’église de