Page:Amable Floquet - Anecdotes normandes, deuxieme edition, Cagniard, 1883.djvu/116

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

arts et d’envie pour les rois ! Gouverneur en même temps qu’archevêque, la province lui dut son échiquier sédentaire, c’est-à-dire la justice, non plus de temps à autre et en passant, mais tous les jours et à toute heure, pour le pauvre comme pour le riche ; et notre ville, outre un magnifique palais de justice, dont, seul presque il fit les frais, la plupart des fontaines jaillissantes qui, encore de nos jours, l’assainissent et la décorent.

De tous ces bienfaits du prélat, combien dont il ne reste plus qu’un souvenir confus ! Le chœur de la métropole a été dépouillé de sa splendide ceinture ; son trésor, des riches ornements, des vases d’or, des reliquaires que l’on venait y admirer de loin ; la tour d’Amboise est, aujourd’hui, vide et sans voix ; à Gaillon, on ne voit plus rien, pas même des décombres. Le temps, qui a frappé tant de grands hommes, et qui dévore sans cesse les monuments qu’ils nous ont laissés, n’a pas épargné les chartes, les mémoriaux où étaient écrits leurs noms et les détails intimes de leur histoire.

Pourrait-on donc condamner notre empressement religieux à recueillir, de peur qu’ils ne périssent, les feuilles dispersées, plus rares chaque jour, où nous sont révélés quelques-uns des secrets de ces siècles qui s’enfuient !