Page:Amable Floquet - Anecdotes normandes, deuxieme edition, Cagniard, 1883.djvu/159

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Pline venait me dire cela, à moi, je le prierais en grâce de se tenir aux écoutes, jusqu’à ce qu’il vît les préparatifs d’un déménagement de ce genre, et il faudrait qu’il me donnât sa parole d’honneur de venir me prendre pour l’aller voir avec lui.

Toujours est-il que les pies n’aiment point que l’on regarde leurs nids de trop près ; or, la nôtre avait vu rôder, autour de l’arbre où reposaient ses petits, maintes gens qui se le montraient du doigt, ce qui ne lui plaisait guère ; elle se promit d’y remédier, et tint parole, comme vous allez voir ; car, lorsque nos deux voisins, accompagnés de tous les manants et habitants de l’endroit, arrivèrent au pied de l’arbre, les uns portant des cages, les autres des échelles, tout-à-coup on vit s’élever au plus haut des airs, la pie, son mâle, et, avec eux, les huit petits piards, volant, sifflant, comme père et mère, faisant avec eux assaut de prestesse, et, à vrai dire, semblant, dans leur petit ramage et gazouillement, se railler quelque peu de l’assistance. Tous les paroissiens étaient là, le nez au vent, les yeux en l’air, riant à s’en tenir les côtes ; hormis, toutefois, deux d’entre eux qui gardèrent imperturbablement leur sérieux, selon ce que témoigne le procès-verbal, pièce authentique, laquelle fera foi jusqu’à inscription de faux ; et ces deux hommes si graves, il n’est guère besoin qu’on les nomme.