cois, de peur du serein, des coups, ou autre accident ;
sécurité funeste, et qu’ils devaient déplorer longtemps.
Le lendemain, quelle fut la stupéfaction des habitants
de Saint-Nicaise, lorsque, le matin, ils ne retrouvèrent
plus à sa place cette boise qui leur était si chère !
Alors on s’avisa, mais trop tard, du bruit de la nuit ;
il se trouva que ce bruit s’était fait entendre partout
depuis le cimetière jusqu’à la porte de Saint-Hilaire,
en passant par la Croix-de-Pierre. On le suivit à la
trace ; et, à Saint-Hilaire, quel spectacle s’offrit aux
yeux des pauvres diables ! Les restes fumants de leur
boise, et les enfants de Saint-Godard dansant, ballant
à l’entour, se chauffant à l’envi, se gaudissant et riant
à gorge déployée, à l’aspect de la mine piteuse et pétrifiée
des habitants de Saint-Nicaise. — « Par Dieu !
mes anciens, leur dit le plus fanfaron de la bande, il
n’y en a pas un de nous qui ait vu vingt-cinq hivers,
et puis dites maintenant que l’esprit ne nous vient
qu’à trente ans. Or sus, allez à vos métiers, mes
maîtres, et, puisque vous faisiez tant de cas de votre
boise défunte, allez baiser la place où nous l’avons
prise ; mais, sur toutes choses, priez pour les trépassés. »
La stupeur et l’indignation des purins, pendant cette fatale journée, ne sauraient se peindre. Dans tous les ateliers, dans toutes les caves où il y avait des