Page:Amable Floquet - Anecdotes normandes, deuxieme edition, Cagniard, 1883.djvu/221

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alors, étaient vifs les regrets du coupable ! comme sa conscience lui criait haut, en ce moment, que le plus sûr est d’être bienveillant et bon envers tous, et que chez tel homme qui paraît vulgaire, aux yeux d’un monde attentif, seulement, aux dehors, se cache peut-être une grande âme ou un génie hors de pair !

Après quelques jours de triomphe et de bonheur, Jouvenet dut quitter sa ville natale, pour ne jamais la revoir. Il fallait qu’il allât achever un vaste tableau qu’attendait Notre-Dame de Paris, et qui, aujourd’hui, sous le nom du Magnificat, est l’un des plus beaux ornements de cette imposante basilique.

Dans la rue du Bec, au moment du départ, se trouvèrent, outre MM. de Pont-Carré, des magistrats et des habitants, en grand nombre, qui avaient voulu l’honorer jusqu’au dernier instant. Ces hommages, prodigués à son génie et à ses cheveux blancs, le touchèrent jusqu’aux larmes. Le vieillard attendri bénit une ville, un sénat qui savaient si bien encourager les arts.

Enfin, le pesant carrosse s’ébranla, et partit lentement comme il était venu ; mais, il est permis de le croire, l’humble artiste n’eut point, cette fois, à essuyer les dédains de ses compagnons de voyage.

Hélas ! de nos jours, et presque sous nos yeux, il a