Page:Amable Floquet - Anecdotes normandes, deuxieme edition, Cagniard, 1883.djvu/244

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M. Boullenger de Bosc-Gouët ne se possédait pas ; mais le meilleur fut que messieurs de la Basoche, mandés devant la Tournelle, pour y rendre compte de leur conduite, après qu’ils eurent, franchement et au long, raconté toute l’affaire, reçurent mille louanges sur leur équité, au lieu de la verte semonce qu’avait voulu leur attirer le conseiller de Tournelle ; encore fut-ce lui, comme l’ancien de la chambre, qui se vit forcé de complimenter les drôles ; à quoi, de vérité, il n’y mit guère de bonne grâce, car à peine le pouvait-on entendre, tant il parlait entre ses dents.

Pour Chouquet, combien il était exaspéré, on ne le saurait croire : « Ne vous l’avais-je pas bien dit, criait-il à tous venants ; les voilà qui tiennent tête à un de messieurs de Tournelle ; qu’on les laisse faire, et ils s’en prendront bientôt à une chambre tout entière. » Chouquet n’avait pas cru si bien dire ; la chose devait arriver comme il l’avait prédite, et le plus beau du jeu fut que le paillard ne put s’en prendre qu’à lui-même ; car, un jour, comme il rôdait dans les couloirs, le nez au vent comme à son ordinaire, voilà qu’un voleur sortait d’une salle du Palais, tout chargé de franges d’or arrachées aux bancs et aux fauteuils, et dont le pauvre hère avait cru faire son profit. Arrêté sur l’heure, et conduit à la Conciergerie, son affaire ne devait pas traîner en longueur : mais deux