Page:Amable Floquet - Anecdotes normandes, deuxieme edition, Cagniard, 1883.djvu/264

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tristitiæ. » Le haut-doyen a été chargé de prononcer au condamné sa sentence, en plein chapitre ; le coupable est là, agenouillé et tremblant : « Pierre, mon amy (lui dit le juge), nous avons ouy ta confession ; et pour ce que tu as commis, nous te condampnons à estre mis en la fosse, au pain et à l’eaue, en retenant nostre miséricorde, sur ce, et de nos successeurs. » Tout le clergé de Notre-Dame, les chapelains, et jusqu’aux enfants de chœur, ont assisté au jugement ; tous vont être témoins de l’exécution, qui suit immédiatement cette sentence sans appel. Pierre, entraîné hors de la salle capitulaire, est descendu dans la fosse ou lac, n’ayant que sa chemise et ses braies pour tout vêtement, la tête à peine couverte : « Fuit positus in foveâ, seu lacu, nudus ; exceptis camisiâ et bracchis, et uno modico capello ; » et notez que l’on célébrera, le lendemain, la Toussaint. À la vérité, à trois jours de là, « pour l’amour de Dieu et par grâce spéciale, » messieurs du chapitre font jeter à ce malheureux un manteau, un chaperon et d’autres vêtements pour couvrir ses membres engourdis. Mais qu’est-ce que cela contre une atmosphère humide, glaciale, sans air et sans lumière ? Il en sera sans doute de ce condamné comme de celui qui l’a précédé dans cet abîme : un jour qu’on lui apportait sa ration d’eau et de pain