Page:Amable Floquet - Anecdotes normandes, deuxieme edition, Cagniard, 1883.djvu/302

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décideriez plutôt à mordre dans le fer chaud que de les faire se départir d’une opinion par elles conçue en colère. Trait de mœurs particulier à cette contrée et bien fait pour nous étonner fort, nous autres de par deçà qui, n’ayant jamais rien vu de semblable, serions presque tentés de ne le point croire, si un auteur grave, Michel Montaigne, qui était du pays, ne nous assurait y avoir vu cent et cent dames de cette humeur !

Mme de Villars, en somme, voulait commander toujours, commander seule ; seule elle voulait donner le mot d’ordre ; et, chargés d’aller porter de telles propositions à un premier président, les échevins et conseillers de ville, je le soupçonne, n’étaient guère à leur aise. Ils lui disaient toutefois des choses faites pour lui donner à penser : car tandis qu’à ses lettres envoyées en cour, on avait répondu par la promesse expresse de reconnaître son droit et de le faire respecter, Villars, de son côté, expédiait à Rouen dépêches sur dépêches pour assurer à la duchesse qu’elle aurait le dessus, qu’il avait la parole du roi, et qu’il ne fallait que tenir bon, ce qu’à la vérité elle faisait de son mieux. Cependant, au milieu d’avis si divers, et obsédé d’ailleurs par les échevins, qui ne craignaient rien tant que Villars, et avaient reçu de ce duc des injonctions menaçantes, M. de Frainville, perplexe, et de sa nature un peu indécis, ne savait trop que penser et que