Page:Amable Floquet - Anecdotes normandes, deuxieme edition, Cagniard, 1883.djvu/338

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due et frémissante, s’exaspérant à la fin, prête à soupçonner tout le monde aujourd’hui, et à tout croire, en revint à ces quatre serviteurs si longtemps épargnés, et arrêta sur eux ses sinistres et inexorables regards, qui pourrait en être surpris ; le crime, d’ailleurs, mieux su maintenant dans ses détails, décelant de vieilles habitudes dans l’hôtel de Brothonne, la parfaite connaissance des aîtres, et trahissant, en un mot, des hommes qui avaient ou habité, ou fréquenté souvent les lieux théâtre de cette sanglante et lamentable tragédie : Donc, Jacques et Nicolas Poyer, Marie Surval, Anne Mausire, cessez ces pleurs et ces cris, auxquels on ne croira plus désormais. La Justice, en défiance de vous, vous appelle à sa barre ; on vous attend demain, tous quatre, à la Tournelle ; et déjà, tous quatre, vous êtes perdus, autant vaut dire. Car, voyez, tous maintenant vous soupçonnent ; beaucoup vous accusent ; et, dans tout ce monde, s’élève-t-il une voix, une seule, pour vous défendre ? Hélas ! il n’était que trop vrai. L’opinion, à la fin, ayant tourné, on maudissait maintenant ces quatre malheureux, épargnés d’abord ; et en vain cherchaient-ils angoisseusement autour d’eux qui les daignât croire encore et leur voulût venir en aide. À droite, à gauche, de toutes parts, ce n’étaient que murmures accusateurs, que regards irrités ou défiants qui se détournaient