Page:Amable Floquet - Anecdotes normandes, deuxieme edition, Cagniard, 1883.djvu/343

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tant, on put comprendre alors combien âpres, insatiables et tyranniques sont toujours les passions mauvaises, combien infatigables à creuser sans cesse un abîme sans fond, que rien ne saurait combler jamais, et qui jamais ne dira : « C’est assez. » Au reste, l’assassin lui-même le devait bien apprendre, du haut de l’échafaud, au peuple accouru de toutes parts pour le regarder mourir, et que ces paroles suprêmes émurent plus encore que la vue du gril, de la barre de fer, de la roue, du bûcher et du bourreau qui attendait. Mais laissons là le Vieux-Marché et ses horreurs. Un monde plus poli s’est porté en foule aux Carmes, où, dans la séance solennelle des Palinods, vont être célébrées les merveilles de Marie. Comme chacun s’y parle avec attendrissement de ces quatre pauvres innocents qui ont recouru à Dieu, et que Dieu a sauvés ! Comme on y accueille avec transport des vers, faits tout-à-l’heure, où est célébré ce nouveau bienfait de la Vierge sainte, qui, implorée en ce jour où l’Église, où le monde l’honorent, s’est voulu signaler par un nouveau, par un si éclatant bienfait. C’était alors, dans Rouen, la foi de tous ; et, plus que jamais, dans les temps qui suivirent, on devait voir les habitants de la grande ville cheminer, pleins d’espoir, vers l’église de Notre-Dame de Bon-Secours.

Elle va disparaître bientôt, cette vieille église ; encore