Page:Amable Floquet - Anecdotes normandes, deuxieme edition, Cagniard, 1883.djvu/353

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espérer quelque temps, allait compter un versificateur de plus, dont elle n’avait que faire ; car cette ode couronnée tout-à-l’heure, il le faut bien dire, bonne pour des gens qui venaient d’entendre, avant elle, les plus fades choses du monde ; bonne encore pour de vénérables et vieux recteurs et doyens de faculté, peu exigeants, cela s’entend, en fait de fougue, de verve et de génie, c’était, au fond, hélas ! l’un des plus raisonnables et des plus logiques dithyrambes dont on eût mémoire ; dithyrambe où la méthode dominait sur toutes choses, et d’une exactitude à faire honte au syllogisme le plus péremptoire, au plus inexorable dilemme.

Mais, ces choses-là, nul n’a hâte de les aller dire aux intéressés ; et Gervais Delarue ne s’en fût jamais douté, peut-être, sans un abbé franc-parleur, ennemi juré de l’outrecuidance, à laquelle il menait rude guerre en toutes rencontres, quoique, en vérité, il en fût lui-même, le digne homme, mieux pourvu que nul autre. C’était l’abbé Raffin, l’un des archidiacres de Notre-Dame de Bayeux, fort adonné à l’étude de la liturgie, qu’au demeurant il n’entendait pas mieux que les autres, mais s’y croyant des plus forts qu’on pût voir, et supputant dans sa pensée qu’auprès d’un homme tel que lui, Durand (ce fameux évêque de Mende) et dom Martène n’étaient qu’écoliers, à