Page:Amable Floquet - Anecdotes normandes, deuxieme edition, Cagniard, 1883.djvu/364

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cessionnellement au parvis. Pour le curé, rentré dans son église par son presbytère, il allait avec ses douze obitiers descendre la nef, la croix en tête, pour aller attendre l’archidiacre au grand portail, et déjà il marchait piteusement en surplis et sans étole, le visage soucieux et le cœur gros ; mais voilà soudain que Gervais Delarue survint brusquement, colère et joyeux tout ensemble, maudissant les ânes (ce fut son mot) qui, s’étant ingérés de compulser avant lui les archives de Saint-Pierre, avaient fait un énorme paquet de pièces inutiles et les avaient jetées ignoblement au rebut. Pièces inutiles, en effet, où, jetant un coup d’œil tout à l’heure en désespoir de cause, il venait d’en trouver une qu’il lut tout essoufflé, une bonne charte du cardinal de Trivulce, évêque de Bayeux au seizième siècle, de ces fines et déliées écritures du temps, jaunie, de plus, par les années, partant illisible de tous points pour les bonnes gens qui l’avaient vue avant Gervais Delarue, et jetée par eux, en conséquence, aux pièces de rebut, suivant la règle fondamentale : Græcum est, non legitur. Or, cette charte, sachez-le bien, n’était rien autre chose qu’une belle et bonne sentence épiscopale où avait été solennellement reconnu et confirmé le droit des onze curés de Caen de porter leur étole devant les archidiacres et en présence du prélat lui-même ; pièce qui, assurément, leur arrivait à point, qu’aussi ils auraient