Page:Amable Floquet - Anecdotes normandes, deuxieme edition, Cagniard, 1883.djvu/389

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Qu’à batailler armez souz leu casaque[1] :
O je me donne à Saint Pierre de Caen[2],
Sou ne l’auez le premier jour de l’en
Por dessus ly faire un anathomie :
Bref, vo verrez quement je sçais poyer
Si vo me faite auer par chicaner
Le grand prochez meu pour un nid de Pie.


Camp-Ront (Jacques de), prêtre du diocèse d’Avranches, est auteur d’un livre de jurisprudence des plus bizarres : « Jacobi de Camp-Ront, presb. Abrincensis, Psalterium juste litigantium. Quo ex libri consolatio peti ab iis potest, quibus res est sæpe et pugna gravis cum adversariis tum visibilibus tum invisibilibus, in hoc seculo. Ad amplissimos et ornatissimos viros in supremo Normanniæ senatu Rothomagi, considentes ; Parisiis, Jam. Mettayer, 1597, » petit in-12 de 66 ff. de texte et 6 ff. préliminaires, avec deux gravures. À la fin du volume se trouve un chapitre avec pagination particulière sous le titre de « Explicatio litis. »

Ce livre, aussi rare que singulier, est dédié au Parlement de Normandie. Il indique les psaumes et cantiques qu’un plaideur doit réciter quand il veut gagner son procès. Pour organiser cette cabale, dit M. Dupin aîné (Textes de droit et de morale, etc., Paris, 1857, p. 6), l’auteur a divisé son Psautier en autant de parts qu’il y a de jours dans la semaine. Il y a pour chaque jour quatre psaumes et un cantique. Le premier psaume contient une oraison en forme de supplique adressée à Dieu par le juste plaideur qui est effrayé de voir ses ennemis animés et coalisés contre lui. Dans le second psaume, le même justus litigans se plaint amèrement d’être ainsi en butte aux traits de ses ennemis. Dans le troisième, il élève sa voix vers Dieu et implore sa miséricorde. Le quatrième est un cantique d’actions de grâces dans lequel le plaideur qui a gagné son procès remercie Dieu d’avoir écouté sa plainte et confondu ses adversaires. » V. Dupin

  1. Allusion aux exactions commises par les gens de guerre et qui les rendaient un sujet d’effroi pour les bourgeois des villes aussi bien que pour les habitants des campagnes.
  2. Pourquoi se donner à Saint-Pierre de Caen ? Ne faudrait-il pas voir là une expression proverbiale qui aurait échappé à l’attention de M. Canel ?