Page:Amable Floquet - Histoire du privilege de saint Romain vol 1, Le Grand, 1833.djvu/151

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siècles avant, avait obéi Philippe-Auguste ? Henri V, lui aussi, était un nouveau souverain en Normandie, un conquérant ; et voulant affermir sa domination qui n’agréait pas à tous, il n’avait garde de s’aliéner le haut clergé, si puissant dans cette vaste province dont l’occupation était encore bien récente. Fort de l’approbation du monarque, conçue dans les termes les plus rassurans pour le privilège de saint Romain, le chapitre, « par la délibération de monseigneur le cardinal de Wincester, » élut pour lever la fierte cette année, « Jehan Anquetil, prisonnier pour ravissement par luy faict à la personne de Guillemette Aubert. » Ces mots « par la délibération de monseigneur le cardinal d’Angleterre » semblent montrer que ce prélat étranger avait pris, dès-lors, un grand ascendant sur le chapitre de Rouen, qui, au reste, lorsque ses membres venaient à mourir, ne se recrutait, le plus fréquemment, que de prêtres anglais. Aussi, pendant les vingt-cinq années que dura l’occupation, la fierte fut-elle donnée souvent à des anglais. Le crédit qu’emploie ici ce cardinal, oncle du roi, à obtenir le privilège à un Guillaume Anquetil, ravisseur d’une fille, c’est-à-dire coupable de viol (car c’est là ce que signifie le mot rapt ou ravissement, dans le langage du tems), que ne le fit-il servir plus tard à obtenir la même grâce pour une femme bien autrement digne d’intérêt sans doute, l’héroïque et infortunée Jeanne d’Arc ? Mais