Page:Amable Floquet - Histoire du privilege de saint Romain vol 1, Le Grand, 1833.djvu/171

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Robert Le Vigneron, tabellion de la vicomte de Rouen, fit une déposition dans le même sens que celle qui précède, mais beaucoup plus détaillèe. Le lundi des Rogations, lorsque les députés du chapitre se rendaient aux prisons du bailliage pour interroger les prisonniers, il avait vu souvent le bailli les accompagner à leur arrivée, avec le geolier. Bientôt « le bailli sortoit avec le geolier, lessant yceulx gens d’église dedans. » Dans les dernières années du xive siècle, il entendit plusieurs fois le bailli Jean de la Tuile dire aux chanoines, en se retirant pour les laisser recevoir les confessions des prétendans au privilège ; « Messieurs, Dieu vous doint (donne) faire bonne eslection. Vous estes seigneurs de lèans (là dedans) ; allèz partout où il vous plaira. » Et le geolier, « qui s’en aloit n’emportant que une cléf qui pendoit à ung pié de cerf, disoit tout hault, oyant (entendant) le dict bailly, en luy joyant (se jouant) de sa dicte cléf : « Vécy quant que je ay maiz de cléfz (voici tout ce que j’ai de clés) ; je ne suy maiz (plus) geollier ; ilz sont seigneurs de lèans. » Le témoin « avoit veu et oy cecy, par plus de dix années, sous les baillis messire de la Tuile et messire de Doncquerre. Dedans la dicte geole, pendant la visite, ajouta-t-il, ne demouroient aucuns, fors les dictes gens d’esglize et les prisonniers, après ce que les dicts bailli ét geolier s’en aloient. »