Page:Amable Floquet - Histoire du privilege de saint Romain vol 1, Le Grand, 1833.djvu/214

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amener à lui et à son grand-conseil, pour y être jugé selon l’énormité de son crime. Le roi lui avait écrit à ce sujet, et avait, sans doute aussi, fait connaître ses intentions au chapitre. En accordant le privilége de saint Romain à un homme dont le roi connaissait si bien le crime, et contre lequel il avait donné des ordres si formels, le chapitre encourrait l’indignation du monarque, et s’exposerait à de grands malheurs. En ce jour de l’Ascension, et au moment où messieurs du chapitre allaient procéder à l’élection d’un prisonnier, il avait cru devoir venir leur donner cet avertissement. Les chanoines lui répondirent, par l’organe du grand-chantre, qu’ils avaient toujours obéi au roi, et s’efforceraient toujours de lui obéir et de ne rien faire contre ses ordres. Quant au choix d’un prisonnier, ils y procéderaient selon Dieu et leurs consciences. Après le départ du bailli, on continua de recueillir les votes ; et il se trouva que ce même Etienne de Baudribosc, poursuivi par le roi avec tant d’acharnement, avait réuni l’unanimité des suffrages. Le nom de ce prisonnier fut donc inscrit sur un cartel, que deux chapelains allèrent, suivant la coutume, porter au bailliage. A la lecture de ce cartel, les magistrats se trouvèrent dans une grande perplexité. Car, d’un côté, si Louis XI n’était pas endurant, de l’autre, le chapitre était bien opiniâtre. Le bailli aurait vivement désiré que les chanoines