Page:Amable Floquet - Histoire du privilege de saint Romain vol 1, Le Grand, 1833.djvu/222

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faictz, et que, tout ainsi que vous jugeréz, vous seréz jugiez. Entendez à garder les droiz des églises, des femmes, des veufves, les droiz du roy ainsy que subgietz y estes, selon les loiz et coustumes[1]. » Charles VIII ne se contenta pas de prendre séance une fois parmi les maîtres de l’échiquier. La ville de Rouen émerveillèe, vit pendant plusieurs jours un jeune roi de France, assis au milieu des juges, prenant part à leurs travaux, autorisant et encourageant, par sa présence, ces magistrats qui tenaient de lui leurs pouvoirs.

Cependant, la fête de l’Ascension approchait, et le tems était venu où le privilège de saint Romain devait être insinué selon l’usage. Déjà, antérieurement, mais à des époques reculèes, ce privilège avait été insinué devant des rois de France ; car, dans l’enquête de 1394, le chapitre, parlant de l’insinuation annuelle, « elle se faict, disait-il aux officiers du roy nostre seigneur ; elle se faict aucunes foys à nostre dict seigneur le roy, à sa propre personne, se il est à Roën. » Aujourd’hui que la ville de Rouen possédait le roi dans ses murs, quelle favorable occasion pour faire reconnaître authentiqueraient le privilège par ce monarque, en l’insinuant devant lui, dans un lit de justice ! C’est ce qu’avait

  1. Registre manuscrit de l’échiquier, de 1485 ; archives de la cour royale de Rouen.