Page:Amable Floquet - Histoire du privilege de saint Romain vol 1, Le Grand, 1833.djvu/228

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logés dans le faubourg Saint-Gervais, s’approchèrent d’un jeune homme nommé Cornelay, et l’un d’eux le pria de le débarrasser d’une paire de tenailles qu’il lui présentait, en la tenant sans doute avec précaution. Le jeune homme crédule saisit les tenailles ; elles étaient brûlantes, il se blessa beaucoup la main ; et, irrité par la douleur, il n’épargna pas les invectives aux imbécilles auteurs d’une si cruelle plaisanterie. Mais, quelques heures après, ces deux palefreniers, pour se venger peut-être des injures que Cornelay leur avait adressées, revinrent à cheval caracoler autour de lui en le bravant, et un des chevaux lui foula les pieds. Outré de ces mauvais traitemens qu’il n’avait pas mérités, Cornelay asséna deux ou trois coups de bâton à un de ces insolens, qui tomba de cheval, mortellement blessé, et expira la nuit suivante. Le lendemain, comme le chapitre était assemblè, on vint lui apprendre ce qui s’était passé à Saint-Gervais. Cornelay était arrêté ; le prévôt de l’hôtel allait le juger comme meurtrier et le faire exécuter dans la journée, si on n’y donnait ordre. Le tems pressait ; le chapitre se hâta d’envoyer au grand-prévôt des députés qui lui représentèrent qu’il ne pouvait passer outre sans porter atteinte au privilége de saint Romain. Ils lui dirent en quoi ce privilége consistait, et crurent le rendre plus respectable à ses yeux, en ajoutant qu’il avait été insinué tout récemment,