Page:Amable Floquet - Histoire du privilege de saint Romain vol 1, Le Grand, 1833.djvu/229

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en présence du roi lui-même. Ils le supplièrent avec instance de ne point attenter à leur droit et aux libertés de leur église ; mais on ne put rien gagner sur l’inexorable prévôt. Il répondit que le coupable allait être jugé, et serait exécuté dans la journée, sans remise. En effet, deux ou trois jours après, la sentence fatale était rendue, une charrette était à la porte des prisons, le bourreau attendait, les gardes menaçaient le geolier qui avait refusé d’ouvrir ; encore un instant, la porte de la geole allait être forcée, et le condamné arraché de son cachot et traîné au supplice. Mais l’échiquier, averti à tems par le chapitre, avait député vers le roi, et un messager royal vint signifier au prévôt, de l’ordre exprès de sa majesté, une défense formelle d’attenter au privilége, et l’injonction de surseoir à l’exécution de la sentence de mort, jusqu’à ce que le privilége de saint Romain eût eu son effet. Cet ordre de Charles VIII eut le succès qu’on devait en attendre, et il fut convenu que Cornelay resterait dans sa prison jusques après la fête ; mais on put alors espérer pour la vie de ce malheureux jeune homme. Toute la ville s’intéressait vivement à son sort. A la vérité, ce meurtre était bien excusable, eu égard aux circonstances dans lesquelles il avait été commis. De plus, Cornelay était normand ; et les anciens de la ville, après avoir vu, pendant les vingt-cinq années de la domination anglaise, la fierte levée assez fréquemment