Page:Amable Floquet - Histoire du privilege de saint Romain vol 1, Le Grand, 1833.djvu/230

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par des Anglais, ne pouvaient plus souffrir qu’on la donnât à d’autres qu’à des gens de la province. Et quel prisonnier y avait plus de droits que Cornelay ? Le jour de l’Ascension, si impatiemment attendu, arriva enfin. Le matin, tous les chanoines, assemblés dans la salle capitulaire, délibéraient sur l’élection d’un prisonnier, lorsqu’on leur annonça que M. De Mouy, bailli de Rouen, demandait à parler au chapitre de la part du roi. Comme si chacune des circonstances du cérémonial du privilège eût dû avoir, cette année-là, quelque chose de plus solennel qu’à l’ordinaire, Charles VIII, qui, les jours précédens, avait entendu parler de la procession de la fierte comme d’un spectacle des plus curieux, éprouvait un vif désir de la voir ; et il envoyait le bailli prier les chanoines de donner des ordres pour que le cortège sortît de bonne heure de la cathédrale, et passât de jour par le château où il serait avec toute sa cour. Les chanoines, qu’un tel message comblait de joie, protestèrent, tout d’une voix, de leur empressement à déférer aux désirs du roi. Après le départ du bailli, ils reprirent leur délibération, et désignèrent unanimement l’élu de la ville, ce Pierre Cornelay qui avait vu la mort de si près. L’échiquier ayant accueilli cette élection sans difficulté, Cornelay fut délivré au chapitre, et leva la fierte à la Vieille-Tour, avec les solennités accoutumées. Restait maintenant à satisfaire au désir du roi. En partant de la