Page:Amable Floquet - Histoire du privilege de saint Romain vol 1, Le Grand, 1833.djvu/262

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perdus, flagitieux, meurtriers, rapteurs de femmes et de nlles, renieurs de Dieu…, loups ravissants, les quels estoient coustumiers de manger et dévorer le peuple ; le dénuer, le dépouiller de tout son bien, mutiler, chasser et mettre le bonhomme hors de sa maison, tuer, meurtrir et tyranniser les pauvres sujets. » Rabelais nous les peint « guastans et dissipans tout par où ilz passoyent, sans espargner ny pauvre ny riche, ny lieu sacré ni prophane : emmenans beulz, vaches, taureaulx, veaulx, genisses, brebis, moutons, chièvres et boucqs, poulles, chappons, poulletz, oysons, jards (mâles des oies), porcs, truyes, gourretz (jeunes porcs), abattans les noix, vendangeans les vignes, emportans les seps, croullans (abattant) tous les fruictz des arbres[1]. »

Gilles Baignart était digne en tous points d’appartenir à cette milice désordonnée et malfaisante. Damoiselle Marie De Courseulles, sa mère, ayant épousé en secondes noces un sieur De Chantelou, Baignart, qui avait alors dix-neuf ou vingt ans, vit cette union d’un œil peu favorable, et commença à harcelerle sieur De Chantelou et à lui prodiguer, en toutes rencontres, les menaces et les outrages, sous prétexte que lui et la dame De Courseulles refusaient de lui donner ce qui lui appartenait de

  1. Rabelais, Gargantua, livre 1er., chap. 26.