Page:Amable Floquet - Histoire du privilege de saint Romain vol 1, Le Grand, 1833.djvu/319

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furent entendus de l’église du Mesnil. Aussi-tôt le tocsin fut sonné. Tous les habitans, hommes et femmes, se rendirent « au lieu et prairie du Maresc des Carrières », où un combat eut lieu entre eux et les gens du sieur De Radepont. Comme on se battait, survint Guillaume Quibel, qui, voyant son père, sa mère et ses sœurs grièvement blessés « meu de juste douleur, prinst ung baston de saux, de cinq à six pieds de long, et se rua sur les gens du dict sieur De Radepont, des quieulx en jecta trois par terre, dont l’ung fut apporté à Rouen, et mourust le jour mesme, entre les mains des barbiers. » M. De Radepont et ses gens furent mis en fuite. Mais bientôt commencèrent des procédures rigoureuses contre tous les habitans du village. Guillaume Quibel, que l’on parvint à arrêter, fut condamné à mort. De cent ou cent dix autres habitans, décrétés de prise de corps ou ajournés personnellement, vingt ou vingt-deux furent exécutés par effigie sur le Vieux-Marché de Rouen. « En telle façon (dit Guillaume Quibel, dans sa confession) que pour le jour d’huy, le pauvre villaige du Mesnil est rempli de pauvres enffans, orphelins, femmes veufves, à cause de la fuite des pères et mères qui ont plus cher aymé habandonner leurs biens, familles et héritages, que de tumber ès mains de justice. » C’était au nom de tous ces malheureux, comme au sien, que Guillaume Quibel demandait