Page:Amable Floquet - Histoire du privilege de saint Romain vol 1, Le Grand, 1833.djvu/333

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leur messager, vinrent au palais insinuer le privilége de saint Romain à messieurs du parlement assemblés (le duc de Bouillon était présent) ; puis ils se rendirent au bailliage et à la cour des aides, « à la manière accoustumée ; et, partout, paisiblement furent reçeuz, et leur requeste accordée[1] » Mais l’insinuation du privilège ne devait avoir, cette année, aucune suite. Les premières violences commises par les religionnaires n’avaient été que le prélude d’excès plus grands encore. Dans les premiers jours de mai, devenus entièrement maîtres de la ville, ils entrèrent de force dans toutes les églises et dans tous les monastères, brisèrent les autels, les croix, les statues, les grilles, les chaires, les stalles, les jubés, et firent main-basse sur les innombrables objets de prix dont la piété de plusieurs siècles avait doté nos temples ; tout fut en proie. Le parlement, qui n’était plus, désormais, en sûreté, quitta la ville, et alla tenir ses séances à Louviers, où il resta plusieurs mois. Beaucoup de chanoines de Notre-Dame, et presque tous les prêtres, étaient en fuite. Le culte catholique avait cessé entièrement dans la ville de Rouen, et devait n’y être rétabli que cinq ou six mois après. La fête de l’Ascension ne fut donc point célèbrée ; on ne délivra point de prisonnier : la fierte ne fut point

  1. Manuscrit de la bibliothèque du roi.