Page:Amable Floquet - Histoire du privilege de saint Romain vol 1, Le Grand, 1833.djvu/37

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vie en vers écrite au viiie siècle ; elle est certainement l’ouvrage d’un auteur normand. Les miracles de saint Romain y sont racontés au long, dans le style pompeux et emphatique de la poésie du tems. Mais, il faut le dire, on n’y trouve pas un mot du miracle de la gargouille, non plus que du privilége de la fierte. La vie en prose latine, écrite antérieurement, en parlait-elle ? Gérard, doyen de Saint-Médard de Soissons, qui la possédait, dit que c’est sur cette vie qu’avait été composée celle en vers ; or, cette dernière ne parlant ni du miracle, ni du privilége, on peut conclure avec certitude que celle en prose n’en parlait pas davantage. Car, dans le cas contraire, le moyen de croire que le poète, ou, si l’on veut, le versificateur latin, eût négligé un fait si important et qui prêtait si bien d’ailleurs à une description poétique ?

Mais ce fait merveilleux figurait-il dans la vie composée, au xe siècle, par Gérard lui-même, et envoyée par lui à l’archevêque Hugues III ? Cette vie, que Mabillon avait vue[1] et qui, plus tard, lorsque les Bénédictins écrivirent l’Histoire littéraire de la France[2] « ne se retrouvoit pas, » je l’ai retrouvée, 1°. dans un manuscrit du xie siècle,

  1. Mabillon, Analecta ; tome i, page 107 et 109.
  2. Histoire littéraire, tome iv, page 73.