Page:Amable Floquet - Histoire du privilege de saint Romain vol 1, Le Grand, 1833.djvu/372

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à Rouen, à la conciergerie du Palais. M. De Matignon tenta même un jour, mais en vain, de le faire enlever par les vibaillis de Caen et de Cotentin, pour le faire transférer au château de Caen où il l’aurait faict juger à sa dévotion. Ce n’était pas chose rare, alors, que ces enlèvemens de prisonniers par des chefs de parti qui voulaient leur donner des juges de leur choix. Vers 1562, les sieurs Chéverie, Putot, De Chus, et autres meurtriers de Pierre Bisson, secrétaire de Montgommery, ayant été arrêtés et conduits à Rouen, Montgommery, « pour empescher que la court de parlement n’en prinst plus avant congnoissance », s’était rendu en toute hâte à Rouen, accompagné de trente ou quarante hommes à cheval, s’était fait livrer, de force, ces prisonniers par les geoliers de la conciergerie du Palais, et les avait menés à Alençon, où le bailli Rabodanges, juge à sa dévotion, s’était empressé de les juger et de les faire décapiter[1]. Il était triste de voir de pareils moyens employés par M. De Matignon, lieutenant du roi dans la province. En cela, n’était-il animé que du désir de venger un de ses meilleurs lieutenans, ou voulait-il, comme l’en accusèrent ses ennemis, faire périr le sieur Du Grippon « pour s’accommoder, par après, de la

  1. Confession (manuscrite) de noble homme Nicolas De Maduel, sieur de Chus, en 1566.