Page:Amable Floquet - Histoire du privilege de saint Romain vol 1, Le Grand, 1833.djvu/374

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

venu, après la réduction de cette ville, s’échouer à Audierne, petit port de Bretagne. François Du Ménèz, dit La Montaigne, fils du gouverneur de cette petite ville, se mit dans la tête que ce réfugié était un espion ; il fallait le faire arrêter, et sans doute on aurait découvert ses desseins. Mais, dans ces tems de dissentions, les voies de justice n’étaient guère d’usage. Du Ménèz aima mieux pousser à outrance ce réfugié, le harcelant, l’injuriant, lui prodiguant les menaces et les outrages. Il le contraignit, de son propre aveu, à mettre l’épée à la main, « du premier coup d’estoc il le frappa à l’œil. » Verdun tomba ; Du Ménèz, le voyant à terre « luy bailla encore plusieurs coups d’estoc dans plusieurs parties de son corps. » Enfin, Verdun expira. La nuit suivante, Du Ménèz et deux de ses amis « le jetèrent, une pierre au col, en la mer. » Mais, le lendemain matin, la mer s’était retirée, et on vit le cadavre gisant sur la grève. Dès 1577, le cardinal de Bourbon avait recommandé le sieur Du Ménèz au chapitre, qui lui préféra les assassins du sieur De Villarmois. En 1578, le cardinal écrivit de nouveau en faveur de son protégé. « Sa cause estoit si recommandable, disait le prélat, que le chapitre eût bien dû l’embrasser, l’année précédente (c’est un reproche à peine déguisé sous la forme du regret) ; mais, puisqu’il se présentoit maintenant semblable occasion de gratifier le sieur Du Ménèz de la