Page:Amable Floquet - Histoire du privilege de saint Romain vol 1, Le Grand, 1833.djvu/380

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ils avaient eu querelle. Le pont avait été choisi pour la vider. Là, en plein jour, les épées avaient été tirées ; on s’était battu, cinq contre cinq, longtems et avec acharnement, en présence de la foule qui affluait sur le pont, à cette heure, « pour se pourmener et prendre le frays. » Les sieurs De Lisle et De Vieufossé avaient été tués sur la place. Jean Bellet, domestique du capitaine Maynet la Vallée, qui avait mis l’épée à la main avec ses maîtres, et tué lui-même le sieur De Vieufossé, obtint la fierte pour lui et pour les deux sieurs Maynet qui se cachaient. L’impunité d’un double meurtre commis avec tant d’audace indisposa plus que jamais les membres du conseil ; et l’abbé De la Roque entendit des paroles qui le firent trembler pour le privilège. Toutefois, à ces angoisses, il y avait des compensations. Cette même année 1580, le pape Le pape Grégoire XIII écrivit, dès le mois de juillet « à ses chers fils les chanoines de l’église de Rouen », pour leur recommander un gentilhomme, et les prier de lui accorder, l’année suivante, le bénéfice du privilège de la fierte. Ce gentilhomme était du pays de Bretagne et se nommait Du Plessis Mélesse. Après avoir servi dans les armées catholiques sous le sieur de Martigues, et s’être distingué aux batailles de Montcontour, de Saumur, de Châteauneuf, et au siége de Saint-Jean-d’Angély, il s’était retiré aux environs de Rennes. En 1570, accompagné de huit