Page:Amable Floquet - Histoire du privilege de saint Romain vol 1, Le Grand, 1833.djvu/403

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et profict de nostre esglize. » Le chapitre choisit Raoul Coignet ; et le parlement le délivra, ainsi que ses complices. Le cardinal de Bourbon s’empressa de remercier le chapitre. « Je vous puis asseurer, écrivait-il, qu’en ce faict, vous avéz obligé tant d’honnestes personnaiges de qualité qui avoient en recommandation le sieur Raoul Coignet, que cela pourra beaucoup servir pour le support et conservation du prévilège et tous aultres droictz de nostre esglise. » Raoul Coignet et ses beaux-frères étaient du ressort du parlement de Paris, et souvent déjà la fierte avait été donnée à des hommes étrangers à la Normandie et appartenant à des provinces fort éloignées. Mais, en général, les normands voyaient ces élections avec défaveur. Il leur semblait qu’un privilège particulier à la Normandie, établi, disait-on, en l’honneur et mémoire d’un saint évêque du diocèse de Rouen, devait être réservé pour des habitans de la ville ou du moins de la province. Il leur était pénible de voir monter sur l’échafaud des concitoyens dont les crimes offraient quelquefois des circonstances propres à mériter quelque indulgence, tandis que, grâces à la faveur, à la protection, des étrangers, chargés de crimes souvent horribles, injustement préférés aux enfans du pays, marchaient, absous et couronnés de fleurs, dans une ville à laquelle ils ne tenaient en rien, et sortaient de ses murs, la tête levée, assurés