Page:Amable Floquet - Histoire du privilege de saint Romain vol 1, Le Grand, 1833.djvu/419

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Tous deux tombèrent, l’un dans la Seine, l’autre à la renverse dans le bateau. Tous les deux étaient morts avant que l’on touchât le quai. Jacques Pollart se précipita dans la barque où gisait le cadavre de son père, et montra un violent désespoir. Sur le quai, il fut arrêté et conduit dans les prisons. Beaucoup de circonstances donnaient à ce double meurtre l’apparence d’un acte involontaire. Jacques Pollart, marié, père de quatre enfans en bas âge, demeurait, depuis neuf ans, avec son père ; ils ne faisaient qu’un ménage, et paraissaient avoir toujours vécu dans le plus parfait accord. Le capitaine Le Duc était un de ses amis les plus familiers ; récemment sa femme « avoit aydé à donner la chrestienneté à ung des enfans de Jacques Pollart », c’est-à-dire qu’elle avait été sa marraine. Mais l’horreur insurmontable qu’inspirait un parricide même involontaire, et peut-être quelque incertitude sur l’innocence du prisonnier, déterminèrent le parlement à prononcer que Pollart ne serait délivré que par provision. Cette clause choqua beaucoup le chapitre, qui envoya aussi-tôt au Palais des députés chargés de réclamer contre l’arrêt. Mais le parlement avait levé l’audience ; les députés se rendirent donc chez M. Le Chandelier, doyen des conseillers, qui avait présidé la cour, lors de la délibération sur le cartel. Ils lui dirent que le chapitre les avait chargés de déclarer à la