Page:Amable Floquet - Histoire du privilege de saint Romain vol 1, Le Grand, 1833.djvu/444

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délivrance. Les prétendans au privilége de la fierte, qui venaient volontairement se constituer prisonniers à Rouen, dans l’espoir de l’obtenir, se faisaient presque toujours écrouer par quelques bourgeois de la ville, en vertu d’une prétendue obligation par corps, qu’ils étaient censés n’avoir point acquittée. À ce moyen, le chapitre seul savait quel motif les avait contraints de venir aux prisons ; et la justice ignorant les crimes à raison desquels ces prétendans avaient sollicité le privilège, ne pouvait poursuivre, après l’Ascension, ceux d’entre eux que le chapitre n’avait point favorisés. Peut-être aussi cette collusion était-elle nécessaire à l’égard des concierges des prisons. Apparemment ces officiers n’auraient pas écroué les prisonniers volontaires, sans l’énonciation d’une cause qui motivât l’écrou ; on n’avait garde de leur déclarer la véritable ; et il fallait bien qu’ils ouvrissent les prisons à un débiteur que son prétendu créancier faisait écrouer en vertu d’un titre qu’il exhibait. En 1593, Péhu s’était fait ainsi écrouer à la requête d’un sieur Dufossey, pour une obligation contractée par brevet passé devant les tabellions de Blainville. En 1594, en délivrant le sieur De Coquerel, le parlement « adjugea aux povres prisonniers de la conciergerie la somme de vingt-cinq escus », pour laquelle il s’était fait écrouer. Le premier président enjoignit aux doyen, chanoines,