Page:Amable Floquet - Histoire du privilege de saint Romain vol 1, Le Grand, 1833.djvu/470

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cruelle boucherie, qu’il ne resta pas le moindre vestige de ce cadavre, les enfans et les femmes ayant bu jusqu’à son sang. Déja, l’exemple devenant contagieux, le mal s’était répandu dans une grande partie de la province. Au son du tocsin, on voyait de concert tous les gens de la campagne, abandonnant leur travail, courir aux armes et se rendre au lieu qui leur était marqué par les capitaines qu’on avait mis dans chaque village. Quelquefois ils se trouvaient jusqu’au nombre de plus de seize mille. A leur tête étaient tout ce qu’il y avait, en Normandie, d’esprits brouillons qui ne cherchaient que le trouble : le comte de Brissac, qui venait d’être chassé d’Angers, De Mouy, De Pierrecourt, De Longchamp, le baron d’Echauffou, le baron de Tubœuf, De Roquenval, De Beaulieu, et plusieurs autres gentilshommes partisans de la ligue, qui assemblaient des troupes pour le parti, autour de Laigle et d’Argentan[1]. Les paroisses de Saint-Sulpice-sur-Rille et de Chandei, dans le Perche, étaient au nombre de ces villages ligués, dont les habitans armés désolaient la province. « En 1589, tous les habitans de ces deux paroisses et des envyrons estaient en armes, par la sollicitation de plusieurs seigneurs et capitaines qui leur faisoient croire que c’estoit pour la deffence de la religion

  1. Histoire universelle de De Thou, livre 95°.