Page:Amable Floquet - Histoire du privilege de saint Romain vol 1, Le Grand, 1833.djvu/472

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capitaines Eulde et La Planche, qui, assistés de quelques soldats, les traînèrent de force sur la place, où les habitans étaient réunis. C’était mener des agneaux à la boucherie. A peine ces paysans furieux aperçurent-ils Du Plessis-Longuy et son valet, qu’ils se ruèrent tous ensemble sur eux, et les tuèrent à coups d’épée et de hallebarde. Les corps morts de ces deux malheureux furent traînés jusqu’à une marnière, à côté du village. Il n’y eut pas un paysan qui ne frappât ces deux infortunés, de la hallebarde et de l’épée, et qui, après leur mort, ne donnât encore des coups de hallebarde sur leurs cadavres, au bord de la marnière. Le sieur Du Plessis laissait un frère, nommé La Manselière, qui poursuivit la vengeance de ce meurtre environné de circonstances si affreuses. Des archers furent envoyés à la recherche des coupables. Trop pauvres et trop ignorés pour solliciter la grâce du roi, ces paysans s’enfuirent de tous côtés. Leurs terres demeurèrent en friche et sans labour. « Leurs paouvres femmes et enfantz n’avoyent plus d’autre ressource que de mandier leurs vyes. » Quelques uns des fugitifs furent arrêtés, mis en prison à Verneuil, et allaient être condamnés au dernier supplice, lorsqu’enfin quelques uns de ceux qui s’étaient échappés se hasardèrent de venir à Rouen demander, à genoux, le privilège de saint Romain. Pierre Maillard, l’un d’eux, laboureur, âgé de